[UN PEU DE LECTURE] La Rose et la Porte

Yop !

Voici un petit texte RP que j'ai écrit suite à l'event de la Porte des Ténèbres. J'ai un tout petit peu déformé ce qui s'est vraiment passé pour des raisons de confort et de logique.

Bonne lecture !

S.

Ca devait arriver...

Les manticores tournoyaient dans le ciel, tandis que le puits de lune berçait lentement le silence, emporté par la bise qui soufflait ce jour là aux Serres-Rocheuses. En apparence, le calme et la tranquilité semblait régner, faisant presque oublier les Ténèbres qui s'étaient échappés. En apparence seulement.

Car à l'intérieur de la tête du Sire Losshëllin, rien n'allait.

Seul un Malkavien pouvait en déduire la noirceur qui y rêgnait, mais sa folie aurait été incapable de l'expliquer. Le Bûcheron était parti. En ville, il ne se sentait pas, plus à sa place. Il venait de donner à l'image de sa Famille une faiblesse qu'il avait entamé, et se devait donc de se faire discret, en attendant que tout rentre dans l'ordre. Car il représentait tout ce dont sa Famille devait être, et ne pouvait pas se permettre d'afficher son écart en signe de distinction. Ainsi, c'est dans une petite cabane à l'entrée des Serres-Rocheuses qu'il décida de s'arrêter. Il ne l'avait dit à personne. A personne, sauf... à elle.

Il lui fit la promesse de ne pas l'abandonner pour autant. Son coeur avait cessé de battre, mais il continuait à vivre. Inutilement, car il n'y avait hélas plus de place à lui octroyer. Comme il était difficile de vouloir se faire discret en s'éloignant de la Famille, tout en tenant fermement les rennes du serment qu'il lui avait fait. Alors... peut être espérait-il qu'elle le rejoigne, lorsqu'elle l'apprendra, dans sa boite aux lettres.

Et ce fut le cas.

Ce jour, il y pensait sans cesse. Il la voyait, devant le puits de lune, le cherchant des yeux, poings serrés, déterminée. Mais sa raison aujourd'hui faisait disparaître cette image, pour laisser place à celle du druide qui gardait le puits. Certes, il n'avait pas eu ce qu'il esperait, mais pour la Famille, cela ne pouvait pas se produire, de toutes façons.

Soudainement, il cessa de penser. Le silence avait été déchiré par un bruit de cor de guerre qui resonnait de nulle part. Le Sire Losshëllin se leva, cherchant d'où cela pouvait venir. De derrière les rochers, des bruits de sabots tambourinaient la terre, et des hurlements de motivation avaient laissé place à l'écho du cor.

La Horde.

Le Bûcheron laissa tomber ses outils et courut vers sa panthère sabre-de-nuit, attachée et sellée au tronc qui jonchait le perron de sa cabane. Il la détacha, et sans plus attendre, grimpa dessus. La panthère s'étira et bailla :

Allez, c'est plus le moment de dormir ! Fonce !

En un éclair, il galopa vers la route, et s'y arrêta au bord. Il ne s'était pas trompé. Le sol tremblait, tant la lourdeur des montures où étaient perchés orcs, taurens et trolls en armure de guerre était telle. Le Sire Losshëllin écarquilla les yeux, et dégaina sa hache. Lentement, le nuage de poussière qui formait l'armée galopante se dissipa, et il put distinguer avec stupeur que des soldats de sa propre faction galopait au milieu de la horde sauvage. Humains, elfes, nains et gnomes. Ce n'était pas une bataille, mais un regroupement. Le flot s'approchait. En un bruit assourdissant, le nuage de soldats passa près de lui. Le sable soulevé lui entra dans les yeux,et il mis son coude à son visage pour s'en protéger. La panthère rugit de peur, et recula un instant. Ce fut un tonnerre grondant qui passait, mêlant bruits de sabots lourds et cris de charge. Ce n'était plus la bise, mais la tempête.

Dès lors que l'armée fut passée près de lui, il se demanda alors ce qui pouvait bien réunir les deux factions en une même direction. Le seul moyen de le savoir était de les suivre. Il tapota de son talon le flanc musclé de sa panthère, qui se mit instantanément au galop. Il rattrapa vite l'armée. C'est au milieu de la foule qu'il put alors distingué que les soldats avaient les yeux injectés de sang, manifestement déterminés à se rendre là où ils avaient décider d'aller, sans rechigner. Rien ne pouvait se dresser sur leur passage, pas même les vautours et les loups qui leur courait après.

Mais alors qu'il scrutait l'horizon pour tenter de déterminer sa destination, il distingua dans son champ de vision un visage familier. Sa propre soeur. Elle était là, elle aussi, au milieu des béliers nains, et des chevaux d'outre-tombe. Il reconnut près d'elle un autre membre de la Famille :

- Eàmanë ? Vinsang ? cria t il

Mais tout ces hurlements ne pouvaient laisser passer son appel. D'ailleurs, les hurlements semblaient s'intensifier. Il essaya d'en comprendre la raison et vit à l'horizon, au milieu des nuages et des éclairs qui déchiraient le ciel, une lueur verdâtre qui tournoyait tel un vortex. Vision d'horreur.

La Porte des Ténèbres était ouverte.

C'était donc cela. Le royaume de l'Outreterre était désormais à la portée de tout valheureux guerrier. Cela signifiait aussi le soulèvement de l'armée des créatures d'Illidan. Et pour que la Porte soit ouverte, cette armée devait alors être très en colère, pour venir troubler le calme d'Azeroth.

Le Bûcheron s'arrêta, au milieu du cratère aride. Des soldats entrèrent dans la Porte, d'autres en sortirent. Certains avaient pris les armes, profitant de la mêlée entre Alliance et Horde pour se faire quelque réputation. Lui avait essayé d'apercevoir l'autre coté de cette Porte, mais une force l'en empêcha. Il n'insista pas et retourna sur ses pas. Un bain de sang mélangé à l'enthousiasme de l'activité de la Porte fit frêmir le Sire Losshëllin. Il continuait à chercher sa soeur des yeux, et vit en se retournant qu'elle n'était pas allée plus loin que lui. Elle était au sommet du cratère, sa panthère faisant les cent pas, nerveuse. Il tenta de lui faire signe, mais elle disparut aussitôt, galopant jusqu'à ce qu'il ne puisse plus la voir. Il était trop bas.

Près de lui, un autre visage famillier se dressait, stupéfait, devant la Porte. Il s'en approcha, lentement :

- Dame Hrist ? demanda t il

L'humaine ne bougea pas. Elle semblait terrifiée, et fascinée en même temps :

- Alors c'est là.... fit-elle

<<En effet. J'ai touché du doigt l'Outreterre, mais les Dieux en ont décidés autrement.>>

- Ce n'est pas le moment pour vous, Messire. Mais... nous irons ensemble, avec votre soeur, et mon aimé.

<<Nous avons encore le temps d'y penser, mais croyez bien que j'attendrai ce moment avec bravoure et impatience>>.

- Oui. Moi aussi. C'est bizarre, je suis toute excitée à l'idée d'y pénetrer, mais en même temps effrayée. Tant de choses nous attendent, de l'autre coté.
<<Prudence, Dame Hrist ! Ne vous emballez pas. Gardez votre coeur de vous laisser en vie. Les Ténèbres sont fourbes, et les légions d'Illidan sont puissantes.>>

- Hm. Vous avez raison.

Ils regardèrent encore de longues minutes le vortex tournoyant, puis, l'un après l'autre, rebroussèrent chemin, faisant rugir et hennir leur monture, avant de fendre le vent, là où tout était encore paisible.